Saison
16
21/03 Nantes 22/03 Angers 28/03 Lille 29/03 Le Havre
Chacun d’entre nous peut se retrouver confronté un jour ou l’autre à des épreuves difficiles, pénibles et/ou douloureuses.
Si l’on se réfère à une citation de Socrate, «ce qui fait l'homme, c'est sa grande faculté d'adaptation».
• Sommes-nous donc tous résilients, c’est à dire capables de recevoir des coups, les absorber et les transcender ?
• Pouvons-nous gommer d’un trait de plume tristesse, chagrin, angoisse, peur, colère, malheur, rupture, injustice et ne voir que le côté positif de toute situation ?
• De quels moyens et aptitudes dispose-t-on pour surmonter les traumatismes ?
> Pierre d’Elbée, Docteur en philosophie et Consultant, notre intervenant pour les villes de Lille et du Havre
> et Bernard Guéry, Enseignant-chercheur et Consultant, notre intervenant pour les villes d’Angers et de Nantes
nous ont délivré quelques pistes pour mieux traverser les épreuves, se reconstruire et rebondir.
Extraits de leur intervention
Synthèses intégrales et supports disponibles dans l’espace membre
Covid, peste noire qui a détruit le tiers de la population européenne en 1351, guerres, événements de l’histoire : 50 000 et 70 000 victimes parmi 275 000 habitants lors du tremblement de terre de Lisbonne, les traumatismes historiques ou de notre vie personnelle nous interrogent sur le fait que nous continuons à vivre, et que notre désir de vivre reste à peu près intact, l’homme est-il formaté pour résister aux chocs ?
Une approche selon 3 axes :
> Survivre
Pascal : «L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser ; une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer.» (pensées 347).
C’est un lieu commun d’admettre l’universelle fragilité de l’être humain, « indiqué et esquissé » qui s’oppose aux animaux « achevés et terminés », comme l’affirme Fichte, cet homme a une «nature» particulière, certains diront qu’il est un être de culture, entendant par là ou bien qu’il est en rupture, en décalage, ou encore en puissance par rapport à une nature première.
Dès les années 1930, en se fondant sur les travaux d’anatomie de son temps, Lacan défendait la thèse d’une « prématuration spécifique de la naissance chez l’homme » : tout se passe comme si l’être humain naissait prématurément. Il est fondamentalement inachevé, constitutivement déficient. FRAGILE
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> Résister et progresser
L’apport de la psychologie pour comprendre les stratégies de résistance / résilience : distinction mécanismes de défense inconscients et coping (to cope = faire face) volontaires.
Les mécanismes de défense ont été découverts par la psychanalyse et occupent une place importante dans les théories et les thérapies psychanalytiques.
Les processus de coping ont été étudiés par les méthodes de la psychologie scientifique et font actuellement l’objet principalement de l’intérêt des psychologues de la santé et des thérapeutes cognitivo-comportementalistes qui leur accordent une place importante dans leurs théories et leurs thérapies.
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> S’accomplir
Non seulement l’être humain peut se battre contre les stress et les événements traumatiques, mais il peut également devenir meilleur grâce à eux.
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Quand on lit les récits de survie des marins dans les conditions extrêmes, on perçoit que l’homme a une capacité à résister aux chocs. Est-ce à dire qu’il est fait pour cela ?
La réponse est non. Une voiture n’est pas faite pour résister aux chocs mais pour transporter des passagers. L’homme n’est pas fait pour résister aux chocs mais pour être heureux.
Préserver sa vie n’est pas la destinée de l’homme. C’est une condition nécessaire pour être heureux.
Pourtant, la mentalité sécuritaire confond le bonheur et la conservation de la vie. Une inversion entre la fin et le moyen en somme.
Mais la vie n’est pas faite pour être sauvée, elle est faite pour être accomplie, et disons-le, pour être donnée.
Le problème, c’est que cette inversion engendre des effets appelés « iatrogéniques » : ce qu’on met en place pour préserver la vie à tout prix finit par nuire à la vie elle-même.
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Pour un dirigeant, les principales leçons sont là :
1. Réfuter le sophisme sécuritaire : « le plus important, c’est la sécurité ». C’est faux. Le plus important, c’est la finalité, c’est servir le client à temps, au bon prix et rémunérer le capital investi. La sécurité est importante, nécessaire, mais ce n’est pas le plus important, ce n’est pas la finalité. Une entreprise qui sacrifie sa finalité pour préserver son existence ne va pas loin.
2. Pour le dirigeant, cela implique de consacrer du temps dans sa journée à ce qui est important et non urgent : la formation, la lecture, la veille, le sport, les relations avec ceux qu’il aime, etc. Ainsi, il garde à l’esprit, au milieu de la gestion des crises et de la résistance aux chocs, sa vocation à une vie accomplie.
3. Enfin, ces réflexions invitent à mettre en doute la pyramide de Maslow. Combien voit-on de dirigeants, faire primer l’accomplissement de leur vie sur la sécurité (besoin considéré par Maslow comme plus fondamental) ?
Ce n’est donc pas en évitant les risques à tout prix que l’on se prépare le mieux à résister aux chocs. C’est en vivant sa meilleure vie.
Parmi les publications de Bernard Guéry :
https://www.cairn.info/revue-rimhe-2021-3-page-103.htm
https://www.cairn.info/revue-de-philosophie-economique-2019-2-page-69.htm